Port-au-Prince, jeudi 20 février 2025. Le paysage littéraire haïtien est en émoi après l’annonce du décès de Frankétienne, figure emblématique et pilier de la culture haïtienne, survenu à l’âge de 89 ans. Écrivain, dramaturge, peintre et éducateur, il laisse une empreinte indélébile non seulement dans le monde des lettres, mais aussi dans le cœur de son peuple.
Frankétienne, de son vrai nom Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent, s’est éteint paisiblement après avoir fait preuve d’un courage exemplaire face à une longue maladie. Son départ résonne comme un coup de tonnerre assombrissant le ciel des esprits créatifs haïtiens. En choisissant de quitter ce monde dans la quiétude de son foyer, il a conservé jusqu’au bout la dignité qui a marqué toute son existence, où il a toujours préféré la résistance à la fuite.
L’œuvre monumentale de Frankétienne, dont L’Oiseau schizophone et Dezafi restent des jalons de la littérature haïtienne, se distingue par son engagement en faveur du créole, qu’il a élevé au rang de langue littéraire. Son parcours, marqué par des choix courageux durant les années sombres de la dictature, a fait de lui non seulement un écrivain, mais aussi un symbole de la lutte culturelle haïtienne. En refusant l’exil, il a choisi de rester attaché à sa terre natale, démontrant ainsi que l’art et la résistance sont indissociables.
Frankétienne n’était pas seulement un créateur, mais aussi un éducateur passionné, ayant façonné des générations d’esprits au sein du Collège Frankétienne, institution qui fut une étape clé de son engagement. Son quartier natal de Bel-Air a nourri son œuvre et son attachement indéfectible à Haïti, même lorsque le pays souffrait sous le poids de la violence et du déclin.
Avec sa disparition, un mapou majestueux s’écroule, laissant un vide immense dans la littérature haïtienne. Il a su combiner le créole et le français dans une harmonie unique, enrichissant ainsi la diversité culturelle de son pays. Son héritage perdurera et continuera d’inspirer de futurs écrivains et artistes à défendre leur identité et leur histoire.
Aujourd’hui, nous rendons hommage à un homme qui, à travers sa plume et son art, a su transformer la douleur en beauté et le silence en parole. À son épouse Marie-Andrée, à ses enfants et petits-enfants, nous adressons nos plus sincères condoléances. À tous ceux qui ont eu la chance de croiser sa route, sa mémoire vivra à travers nous.
Adieu, Frankétienne ! Ton esprit vivra éternellement dans les mots et les cœurs de ceux que tu as touchés. La littérature haïtienne a perdu l’une de ses plus grandes voix, mais ton héritage restera à jamais.
François La Gonave Judson
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