Par Radio-Canada
Le contesté spectacle de l’ancien président haïtien Michel Martelly, qui chante sous le pseudonyme de « Sweet Micky », a été annulé vendredi soir à Montréal.
L’ex-président était coincé à Miami en raison d’un problème de visa, a indiqué un promoteur du concert.
Dans une vidéo diffusée vendredi soir, Michel Martelly a indiqué pour sa part que ce sont deux de ses musiciens qui n’avaient pas les autorisations pour se rendre à Montréal. Il a précisé qu’il travaillait pour qu’une nouvelle date de spectacle soit fixée.
Depuis plusieurs semaines, des organismes dénoncent le contenu des chansons de l’ex-président, les jugeant misogynes et violentes. « Quelle que soit la raison, visa ou pas, pour nous, le spectacle ne se fait pas », a affirmé Frantz André, porte-parole du Comité d’action des personnes sans statut.
Je pense que les citoyens ont compris que cet homme ne devrait pas être ici.
À l’annonce de l’annulation du spectacle, la manifestation prévue sur les lieux du concert pour empêcher Michel Martelly de se produire sur scène a plutôt pris des airs de fête.
« La mobilisation qu’on a faite a quand même eu un impact. Peut-être que d’autres raisons ont joué [dans sa décision], mais je crois que si on n’avait rien fait, il serait venu comme si de rien n’était », a souligné Jennie-Laure Sully, porte-parole de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle, qui était sur place pour manifester.
Un spectacle contesté
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a affirmé en entrevue à Gravel le matin avoir demandé à Ottawa de refuser l’entrée en sol canadien de l’ancien président haïtien.
On a communiqué directement avec le gouvernement fédéral et on a très clairement manifesté notre souhait qu’il se penche sur ce cas-là.
« On a fait les pressions nécessaires pour qu’[Ottawa] porte une oreille attentive [à ce cas] », a ajouté la mairesse.
Lundi, sept organismes, dont la Maison d’Haïti et le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQ CALACS), avaient écrit à la mairesse pour lui demander d’user de « tout son pouvoir politique » afin que Michel Martelly ne se produise pas à Montréal.
Dans leur lettre, Michel Martelly est qualifié de « misogyne notoire qui fait l’apologie du viol ».
Pour le sociologue Frédéric Boisrond, qui a mené la fronde contre le spectacle de Michel Martelly, son annulation est un vrai soulagement. Comme il l’a exprimé à l’émission Le 15-18, la pression exercée par les organismes a eu son importance : « C’est un très beau dénouement.[…] Je suis tellement fier de nous. Vous ne savez pas combien de personnes ont été impliquées dans cette démarche-là. »
Les femmes du Québec unissent leurs voix à celles d’Haïti pour dire : “stoppons la misogynie”. [Michel Martelly], c’est une personne qui a élevé la haine des femmes au niveau d’une politique qu’il applique.
Le 2 janvier dernier, Frédéric Boisrond avait publié une lettre ouverte adressée au premier ministre Justin Trudeau pour lui demander d’empêcher ce concert d’avoir lieu.
« J’ai reçu des lettres de plusieurs ministres, qui disent prendre l’affaire avec énormément de sérieux », a-t-il soutenu.