Port-au-Prince, le 15 février 2019._ Huit jours après le soulèvement populaire contre le régime de Tèt Kale, le Président de la République Jovenel Moïse, s’est prononcé pour la première fois sur la conjonction du pays hier soir avec fermeté, et surtout avec excès de zèle. Quelques minutes après cette adresse à la nation, des tirs nourris ont été entendus un peu partout dans la zone métropolitaine et plusieurs villes de provinces, l’opposition appelle au renforcement du mouvement.
« Il est inacceptable qu’une personne avec une fonction officielle soit de connivence main en main avec des gangs armés recherchés par la justice. Un signal qui ne fait pas honneur à la démocratie et aux institutions », soutient le Président Moïse, faisant allusion à la présence du Chef de Gang Arnel à la Manifestation de l’opposition du 13 Février 2019.
« Quel président est d’accord pour que des petites filles soient violées, que des jeunes garçons soient tués, que des policiers soient brûlés vifs. Quel genre de président serait d’accord pour qu’un bandit recherché soit avec une personne qui se dit démocrate », avance le chef de l’Etat. « Moi-même Jovenel Moïse, chef de l’Etat, je ne laisserais pas le pays dans les mains des gangs armés et des dealers de drogue », a-t-il continué.
Une déclaration que l’opposition politique et une bonne partie de la population qualifient d’incendiaire par rapport à la situation actuelle.
La pénurie d’eau persiste dans la région métropolitaine. Dans certaine zone, le petit sachet d’eau est passé à 5 gourdes l’unité. La grande majorité des kiosques d’eau potable sont vides et restent fermer. Les riverains se déplacent en vain sur plusieurs kilomètres à la recherche de cet élément vital pour le corps qu’est l’eau.
La pénurie des produits pétroliers se fait aussi ressentir, après l’attaque de plusieurs pompes à essence durant les huit jours précédents par les manifestants. Ceux qui ne sont pas endommagés restent fermer par prudence. Les prix des courses de motocycles deviennent exorbitants à cause de cette rareté.
Ce matin, quelques maisons de transfert et de banques commerciales fonctionnaient durant quelques heures, des foules compactes se massaient devant ces institutions, qui ont dû fermer leurs portes à l’approche de plusieurs branches de manifestations.
Dans les marchés publics, les prix des produits de première nécessité ne cessent de grimper. Le pain devient très rare puisque les boulangeries ne fonctionnent pas.
Depuis neuf jours, une bonne partie de la population haïtienne foule le macadam pour exiger le départ du pouvoir en place, l’autre partie est restée prisonnière chez elle, sans eau, ni nourriture ni électricité. Pour l’instant, le Président Moïse n’entend pas démissionner, encore moins le Premier ministre Jean-Henry Céant qui est en rébellion avec le Palais National.
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