Myriam Jean dans une note, la situation du secteur touristique est à un tournant particulier. « Nous n’avions pas seulement eu une catastrophe sanitaire. Nous avions eu les épisodes de « peyi lòk », les troubles sociopolitiques, les crises économiques et aussi les épisodes d’insécurités récurrentes. Autant de contraintes et de freins au développement du tourisme qui, jadis, était un pilier de l’économie du pays, note la titulaire du ministère du tourisme. « Il est plus que crucial aujourd’hui de porter la réflexion sur les ressources à engager et les infrastructures à développer, pour que le tourisme devienne l’un des axes économiques importants », affirme-t-elle.
Cette note du ministère précise que la journée mondiale du Tourisme intervient cette année dans un contexte difficile et éprouvant pour toute l’humanité. « Cette nouvelle maladie déclarée en début d’année, devenue planétaire en quelques semaines, la COVID-19, nous a non seulement surpris mais nous a rappelé la fragilité du concept même de développement urbain et mis à nu les faiblesses des systèmes sanitaires les plus sophistiqués. Nous avons tous eu ce sentiment d’impuissance malgré les grands progrès de la science. Toutefois dans notre cher pays, la maladie n’a pas eu l’effet des prévisions, même des moins pessimistes »,lit-on.
Le thème retenu cette année pour la Journée Mondiale du Tourisme est :« Tourisme et développement rural ». A juste titre, ce thème a pour objectif de mettre en avant le rôle du Tourisme pour offrir des débouchées en dehors des grandes villes. Le Secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili, a déclaré : « Partout dans le monde, le tourisme donne aux populations rurales les moyens de se prendre en charge, en fournissant des emplois et des débouchés, tout particulièrement pour les femmes et les jeunes. Le tourisme permet aussi aux populations rurales de maintenir leur patrimoine culturel et les traditions qui leur sont propres, et il est vital pour la sauvegarde de l’habitat et des espèces en péril. Cette Journée mondiale du tourisme est une chance à saisir de donner acte du rôle du tourisme en dehors des grandes villes et de sa capacité à contribuer à un meilleur avenir pour tous. »
Certes avec la pandémie et ses effets limitatifs sur les mouvements humains à travers la planète, il est important de concentrer les efforts sur le tourisme intérieur en ciblant la population locale et la « diaspora ».
Covid-19 nous oblige, dit le ministère du tourisme, à prioriser le tourisme de proximité avant de penser au tourisme de masse balnéaire ou traditionnel des populations des pays développés qui se relèvent à peine des chocs induits par la pandémie. Ce tourisme passe par des actions concrètes telles que :
1- Augmenter les revenus des ménages;
2- Favoriser les déplacements intérieurs par la sécurisation de toutes les routes;
3- Inciter les programmes de vacances par la promotion des zones de destination et des crédits vacances;
4- Inscrire le tourisme dans l’apprentissage scolaire pour la sensibilisation des plus jeunes sur les retombées bénéfiques du tourisme et sur la préservation et la sauvegarde du patrimoine culturel et l’écosystème en général.
Pour ne citer que ces actions.
Ainsi donc dans le plan de relance post covid-19 du Ministère du Tourisme les axes suivants sont mis en exergue :
• Un plan de relance basé sur la mobilisation de toutes nos ressources, mais qui s’ouvre davantage sur le patrimoine culturel;
• Un plan de relance qui met en valeur le terroir;
• La diversification de l’économie locale et la sauvegarde des valeurs culturelles et environnementales;
• Un plan de relance qui mobilise les acteurs locaux;
• Un plan de relance qui met en évidence la participation des communautés gardiennes de nos patrimoines;
• Un plan de relance qui prône l’émancipation des communautés rurales, par le tourisme domestique au niveau des régions.
Le tourisme, par sa transversalité contribue directement à la totalité des objectifs de développement durable (ODD). Profitons-en pour exploiter vraiment son potentiel colossal d’être un moteur de développement en milieu rural, en nous engageant à faire un tourisme totalement inclusif, abordable et atteignable dans toutes les communautés.
Cette journée n’est certes pas une journée de célébration pour nous en Haïti : non seulement à cause du contexte mondial mais avant tout à cause du contexte national. Celui-ci doit surtout susciter une réflexion profonde sur le tourisme et les moyens d’améliorer l’offre en général et particulier en milieu rural, sur un tourisme communautaire accessible à tous, protecteur des valeurs et du patrimoine des communautés. Il est un devoir de nous atteler à la tâche, tâche somme toute ardue et ingrate, mais nécessaire aujourd’hui, afin de léguer un héritage digne à nos progénitures, au-delà de tout. Nous sommes ici aujourd’hui, fidèles à nos engagements, pour apporter notre petit grain de sable à cette construction en participant et en agissant pour notre communauté.
Heureuse journée mondiale du tourisme ! Développons le tourisme rural !