Le tourisme est une grande industrie mondial. Selon l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT) elle génère près de 5 milliards de dollars par jour. Haïti, située en plein coeur de la Caraïbe peine toutefois à se tailler une place dans ce secteur. La pandémie de la Covid-19 qui a largement frappé le tourisme peut être une opportunité pour qu’Haïti puisse réintégrer la carte touristique mondiale. Lors d’un entretien donné à Top Haiti, Danielle Saint-Lot, ancienne Ministre du tourisme a donné son avis sur un plan de redressement PostCovid-19 du tourisme en Haïti (Interview retranscrite de la radio Top Haïti).
Top Haïti (TH): Quel est votre point de vue sur le tourisme durant ces vingt dernières années?
Mme Danielle Saint-Lot (DS) : La Caraïbe insulaire considère le tourisme comme son principal secteur d’activité. Les Bahamas reçoivent 8 millions de touristes par an. La République Dominicaine en reçoit 7 millions, cependant, Haïti n’en reçoit que 2 millions 475 mille par année. Ces chiffres montrent clairement l’écart considérable qui existe et les efforts qu’on a à faire. Le tourisme doit être une priorité pour nous. Notre position géographique, notre culture et notre riche histoire constituent des atouts majeurs à exploiter et à faire connaître.
TH: Qu’est-ce qui expliquerait l’exploit des autres pays dans ce secteur?
DS: La plupart de ces pays ont fait des choix de développement touristique. Leur gouvernement ont fait des investissements et la promotion touristique de leur pays. La Jamaïque est un bon exemple, elle a investit des millions de dollars pour développer sa destination touristique. Ses problèmes politiques et de sécurité ne l’ont pas empêché de développer et de faire fonctionner ses zones touristiques. Ils ont réussi à gérer leur territoire de manière à ce que les problèmes du pays n’aient pas d’incidence sur le développement du tourisme.
TH: Quelles sont les causes de la situation touristique préoccupante d’Haïti?
DS: Il fut un temps, Haïti était un modèle touristique, mais les autres pays de la Caraïbes ont fait des choix de modernité et d’expansion, ce que Haïti n’a pas fait. Dans les années 50 et 60, le pays n’était pas ouvert aux investissements. Il n’y avait pas encore d’intérêt chez les entrepreneurs locaux d’ouvrir leurs entreprises à des partenaires étrangers. Les investisseurs qui étaient venus en Haïti ont du se tourner vers la République Dominicaine où ils ont trouvé plus d’opportunités.
TH: Ne pensez-vous pas que la pandémie du Coronavirus peut empirer la situation touristique du pays?
DS: La pandémie est un problème d’ordre mondial. Certes le tourisme touché de plein fouet est en arrêt à cause de cela, toutefois il faut mesurer les avantages qu’a Haïti. Le fait que le pays n’ait pas beaucoup de touriste a aidé à avoir moins de cas de Coronavirus importé. En Republique Dominicaine les chiffres sont très alarmants comparé à Haïti. Paradoxalement le manque d’investissement dans le secteur touristique et la situation d’instabilité politique ont contribués à avoir moins de touristes en Haïti pendant la pandémie.
TH: Qu’est ce que le secteur touristique Haïtien peut tirer de bon de la Covid-19?
DS: Cette situation peut être une opportunité pour repenser le produit touristique haïtien, pour développer des partenariats touristiques et aussi pour réactualiser des éléments du plan directeur touristique du pays. Dans l’immédiat les acteurs clés pourraient développer le tourisme local et de la diaspora.
Le gouvernement peut par la suite proposer des destinations dans le Nord du pays et développer un tourisme de patrimoine. La côte sud développée peut très bien se prêter à un tourisme binational avec la Rep.Dominicaine avec l’appui de l’OMT. Les pays de la Caraïbe pense déjà à la relance du secteur touristique. Haïti doit impérativement s’allier avec ces acteurs pour intégrer la relance touristique Caribéenne.
TH: Quels seront les répercussions du tourisme sur le taux de chômage particulièrement élevé du pays?
DS: Le tourisme est un facteur qui permet de réduire le chômage. Il peut relever l’économie d’un pays. Accueillir des touristes a un effet d’entraînement sur la production agricole, sur le secteur hôtelier, sur le marché culturel et artisanal,etc. Il y a tant de possibilités à envisager, l’organisation de festival, le tourisme spirituel.. L’etat doit établir une politique pour capitaliser les potentialités du pays afin de profiter de la période post confinement.
Eleine E. JnPierre
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