Après 5 ans d’expérimentation de SASA ! au pays, l’organisation Beyond Borders a fait état des résultats de sa première implémentation au cours de laquelle il y a eu l’adaptation de ladite méthodologie dans le Sud-Est et de l’appui technique à d’autres organisations de départements différents du pays à travers son centre de support technique. L’organisation est actuellement en train de réaliser sa deuxième implémentation à Lavalée toujours dans le département du Sud-Est.

SASA ! est non seulement un mot de la Kiswahili qui veut dire «Maintenant» en français mais aussi un sigle dont chaque lettre correspond à une des phases de la méthodologie. Elle permet de prévenir la violence faite aux femmes. Elle a été implémenté et adapté en Haïti par l’organisation Beyond Borders/Fondasyon Depase fwontyè yo dans diverses communes du département du Sud-Est.
Dernièrement a eu lieu, une présentation d’une recherche menée par le « Center on gender equity and health » dans le cadre d’un accord tripartite entre la Fondasyon Depase Fwontyè yo/Beyond Borders, l’organisation Raising Voices et l’Université San Diego de la Californie à travers son centre spécialisé. Décryptage de l’évaluation de cette adaptation.
SASA !, est une approche de mobilisation communautaire élaborée par l’organisation Raising Voices en Ouganda pour prévenir la violence contre les femmes et le VIH/Sida.
Une réelle adaptation ancrée dans la réalité socio-culturelle haïtienne et un engagement communautaire profond sont non seulement la clé de cette méthodologie mais ont aussi contribué à la réussite de sa première mise en œuvre dans cinq communautés du Sud- Est (Cayes-Jacmel, Bossier, Jacmel, Cap-Rouge, K-Meno) entre 2010 et 2015.
Elle est entièrement en créole et très illustrée afin de permettre à tout un chacun de maîtriser les sujets débattus. Ainsi, la mobilisation communautaire et l’engagement des membres de la communauté constituent un pilier dans cette approche de prévention de la violence faite aux femmes. Ils représentent une approche fiable et un potentiel de transformation élevé puisque la communauté en est la pierre angulaire.
Près de 90 mille personnes réparties dans ces cinq communautés ont été touché par sa première mise en œuvre.

Ses phases charnières
La méthodologie s’articule autour de quatre phases : démarrage, conscientisation, soutien et action. Elle fait appel à plusieurs stratégies, notamment l’activisme local, la formation, les supports de communication, les médias et le plaidoyer. Elle vise à renforcer les capacités et inculquer des connaissances afin d’apporter des changements des comportements et des croyances.
En d’autres termes, elle agit sur les connaissances, les capacités, les croyances et les comportements des membres de communauté pour permettre un équilibre dans les relations de pouvoirs hommes-femmes dans les couples et favoriser un changement dans les normes sociales qui maintiennent ces inégalités.
La méthodologie a été adaptée au Kenya, en Tanzanie et en Haïti. Cinq modalités constituent les adaptations : La traduction, les changements culturels, l’intégration des problèmes (spécifiques à la communauté en termes de violence envers les femmes), la population ciblée et les innovations dans la mise en œuvre.
Dans le cas d’Haïti, ont été fait- des changements culturels dont la traduction en créole, la révision des couleurs de chaque phase ainsi que des modifications dans les illustrations afin de mieux représenter le problème dans notre réalité.
Consistant en l’appui des communautés au travers d’un processus global de transformation sociale, la méthodologie est axée sur la remise en question des dynamiques de pouvoir considérablement inégales entre les femmes et les hommes. SASA ! fournit à la communauté des moyens à travers ses matériels de communication, de réelles capacités afin de comprendre et de prendre conscience de ces dynamiques. Ainsi, la communauté peut agir sur ces derniers et changer les modes de pensées et les comportements qui les perpétuent.

Ce qui constitue la force de son succès lors de ces cours de courte durée. D’autres organisations ont apprécié l’approche et ont aussi implémenté SASA ! dans leurs communautés. Parallèlement, « Repanse Pouvwa » offre un appui technique à des organisations à La Gonâve (Initiative Communauté Modèle), à Hinche (Mouvement Paysan Papaye), au Cap (Asosyasyon Fanm Solèy Leve Dayiti – AFASDA), à Barossia (ADECA).
Des enseignements prometteurs
Les enseignements tirés de l’adaptation de cette méthodologie dans le contexte haïtien, se veulent un bilan utile pour les organisations qui l’utilisent dans des contextes présentant les mêmes caractéristiques qu’Haïti. Mais constituent aussi un exemple pour d’autres organisations voulant adapter une méthodologie d’autres cultures. A savoir – une culture orale, l’importance des relations sociales personnelles, un scepticisme général conjugué à une dépendance vis-à-vis des organisations et une histoire marquée par l’esclavage ou la domination étrangère.
À partir de 2010, Beyond Borders/Fondasyon Depase Fwontyè yo a commencé à adapter, à travers son programme « Repanse Pouvwa » [Repenser le pouvoir], la méthode SASA! au contexte haïtien.
Les enseignements sont nombreux, on peut noter entre autres, l’engagement volontaire des membres de la communauté locale – l’activisme fut au centre -, l’implication des institutions sociales de la communauté, la traduction en langue créole. En gros, la population a pu pendant l’adaptation et l’implémentation de SASA ! participer aux développement de leurs propres stratégies pouvant permettre à ces membres de prendre connaissance et conscience des violences faites aux femmes et des relations de pouvoir inégales existant entre les hommes et les femmes.
Toutefois, il y eu aussi des difficultés, par exemple, le coût élevé en temps pour le personnel pas assez nombreux, quelques problèmes de départ avec la participation des dirigeants locaux et la taille extravagante des communautés choisies.
En Haïti, Beyond Borders soutient les mouvements visant à mettre fin à l’esclavage des enfants, à garantir l’accès universel à l’éducation, à mettre fin à la violence contre les femmes et les filles et à remplacer les systèmes qui oppriment les pauvres par des systèmes favorisant un travail digne et des moyens d’existence durables.
A rappeler, 34% des femmes qui ont entre 15 et 49 ans disent avoir été victime de violence physique, sexuelle ou émotionnelle aux mains de leur partenaires en Haïti. Pire, 1 sur chaque 3 filles ont été la cible de violence avant l’âge de la majorité, selon l’EMMUS-VI.
