Blondy Wolf Leblanc plus connu sous le nom de Gabynho est un animateur culturel, journaliste et agent littéraire. Il est également auteur d’un livre à succès ayant pour titre « Zantray », publié en 2021 et éditeur chez les éditons Repérage. Cette année, sa maison d’édition fait partie des trois maisons d’éditions haïtiennes retenues pour le programme APSI (African publishing startups incubator) lancé par l’Observatoire africain des professionnels de l’édition (OAPE) dans le but de professionnaliser le métier d’éditeur dans les pays africains et caribéens.
« Un secteur traité en parent pauvre qui a besoin d’être professionnalisé. Pour être éditeur ici, il faut être un peu fou et très courageux. Aucune subvention de la part de l’État rend la chose plus difficile. En fait, l’APSI est pour moi une double opportunité. Je vais trouver les rudiments nécessaires qui me permettront de me former davantage en tant qu’éditeur. C’est également une excellente occasion d’être en relation avec d’autres éditeurs d’ici et d’ailleurs », argue-t-il.
Il est important de souligner que selon L’OAPE ce projet a vu le jour en décembre 2023 lors du Salon international du livre jeunesse et de la bande dessinée de Yaoundé (SALIJEY). Les professionnels présents au Cameroun avaient émis le souhait de mettre sur pied un programme dédié exclusivement aux jeunes startups pour les aider à dépasser au moins l’âge de 5 ans.
Naissance d’un idéal
Il faut noter que l’édition publie les auteurs haïtiens en particulier que ce soit leur sexe et tout autre auteur de la francophonie ainsi que de l’espace créolophone qui propose des œuvres de qualité dans le respect de la différence et de la diversité culturelle. Actuellement, l’équipe administrative essaie de mettre les bouchées doubles en vue de publier une dizaine d’auteurs qui sont en attente depuis plus d’un an, ce, à cause de la situation chaotique qui sévit dans le pays. L’édition a déjà trois livres et un florilège audio à son actif.
« Ayant pour ultime objectif la démocratisation de l’accès aux savoirs, Éditions Repérage, fondée en 2021, se veut une maison d’édition partant en quête de nouvelles plumes en vue de continuer à enrichir le panorama des écrivains haïtiens tout en publiant aussi d’autres oeuvres reconnues », lance-t-il non sans langueur.
En tant qu’animateur culturel, la première activité que Gabynho a réalisée remonte à 2009 et il était écolier à cette époque. Il a initié en 2019, Festival Liv Kafou et Semèn Jèn Ekriven Kafou. Depuis 2020, il coordonne un rendez-vous de médiation littéraire et artistique mensuel, pas tout à fait régulier par rapport aux turbulences politiques récurrentes de ces dernières années, baptisé «Week-end poétique». Une quinzaine d’éditions ont déjà vu le jour dans plusieurs espaces en l’occurrence Le Shekinah Hôtel et le Centre culturel Emmanuel Charlemagnes.
Selon lui, être animateur, écrivain et éditeur lui donne la possibilité d’aller à la rencontre de l’autre, d’être un marchand de rêves, un passeur et surtout un rassembleur car il a la possibilité de rassembler les gens autour de plusieurs projets socioculturels et éducatifs.
Tout par et pour l’écriture
Pour tous ceux qui ont lu la première œuvre littéraire de Gabynho, ils savent dur comme fer qu’il est un excellent auteur qui se met à la place de l’autre pour raconter des histoires uniques et sensationnelles. Zantray est un recueil de quatorze nouvelles qui a été réédité chez les Éditions Repérage en 2022, c’est un cri déchirant contre l’injustice qui règne en maitre dans le pays. Selon l’auteur, ce livre est un trop-plein de frustration. Il ajoute : « Zantray est un gros NON à la violence. Je n’ai rien publié depuis mais, j’ai plusieurs créations en chantier. J’attends le moment opportun pour leurs parutions. »
Blondy Wolf Leblanc est également un agent littéraire hors-pair et un organisateur d’évènement incontournable dans la commune de Carrefour. Avec Plume Agence Littéraire, lui et son équipe a déjà réalisé plus d’une dizaine de ventes et de signatures d’auteurs comme Franck S. Vanéus, Esmath Sainval, Jean Floriyo Grégory et Gary Victor. Ils représentent plus d’une dizaine d’auteurs dont Ansky Hilaire, Donald Codio, Jean Michelot Polynice, Franck S. Vanéus, Jean Floriyo Grégory, Charles Jean Rony et Georges Erick Germain. À noter que cette entreprise est une agence littéraire généraliste qui intervient dans la promotion, la vente et la distribution de livres. En 2019, son agence a lancé la première édition de « Semèn Jèn Ekriven Kafou » qui est un évènement de médiation littéraire qui vise à mettre les jeunes écrivains carrefourois sous les feux des projecteurs tout en dénichant de nouvelles plumes.
Gabynho est un passionné de l’ecriture, pour lui la littérature est une fenêtre qui permet de considérer le monde avec beaucoup plus d’humanité. Il continue pour dire que c’est un miroir qui nous permet de percevoir toutes les nuances de l’humaine condition. C’est aussi mille et une possibilités de faire l’expérience de l’altérité. La littérature abolit les frontières. Il rajoute : « Pour moi, elle ouvre les portes du vivant à deux battants, permettant aux plus humbles de s’y engouffrer. Quant aux invisibles et inaudibles, la chance de se faire entendre et remarquer est à portée de mains. Il suffit de la saisir. Et l’écriture ? N’est-ce pas une expression de la littérature ? Un outil permettant de faire entendre sa voix dans le concert du monde. De faire trace. D’être immortel.»
Vivre est une lutte perpétuelle
Entre la gangstérisation du pays, l’effondrement du système éducatif haïtien et l’émigration de masse des cadres pour les pays étrangers, Gabynho décide de continuer la lutte pour un demain meilleur c’est pourquoi il s’est lancé d’emblée dans tous ces activités. Malgré la précarité qui sévit sur tout le territoire national, l’absence d’électricité et de signal d’internet, il finalise, en ce moment, son mémoire de sortie en Psychologie à la Faculté des sciences humaines (FASCH) de l’Université d’État d’Haïti (UEH) tout en entamant une étude en Lettres modernes à l’École normale supérieure (ENS) de ladite université.
Il reste et demeure un modèle de courage, de folie et d’empathie. Blondy est un créateur, un visionnaire à nul autre pareil qui croît dans la jeunesse haïtienne c’est pourquoi il leur laisse un message : «Je demanderais aux jeunes haïtiens de faire preuve d’amour envers notre chère mère, Ayiti. Le pays a plus que jamais besoin de ses filles et fils pour sortir de ce chaos. Nous devons faire front commun pour nous en sortir. Aucune autre possibilité ne me semble viable». Il continue pour leur dire «Soyez haïtiens», Haïtien dans le sens dessalinnien du terme. Il conclut en leur proposant également quatre mots magiques : ÉTUDE, CONSTANCE, ENGAGEMENT, FOI.
Romy Jean François
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