Dans l’objectif de mettre à nu des visages importants qui ont toujours été dans l’ombre en Haïti, MagHaïti se fait le plaisir de vous présenter ces derniers temps des photographes qui travaillent, chaque jour, pour immortaliser nos vécus en tant que peuple.
C’est au tour de Fabienne Douce, jeune photojournaliste qui commence à se faire un nom dans ce secteur.
Née à Port-au-Prince un 17 décembre, elle a fait ses études primaires à l’école internationale Mission Outreach; ses études secondaires au Nouveau Collège Concordia. Peu après elle a pris la direction de l’Université Polyvalente d’Haïti pour y étudier la gestion des affaires. Malgré ses études universitaires, elle a su faire le dépassement nécessaire pour embrasser la Photographie , sa passion. Jusqu’à en faire son arme de combat.
Fabienne Douce évolue dans ce secteur depuis des années. Elle a véritablement commencé à travailler sur la photographie en 2008, bien qu’à ce stade elle était surtout en studio. Par la suite, elle allait se lancer dans des travaux de reportages et d’autres travaux plutôt spéciaux, comme des prises de photos d’occasion dans des mariages, communions, graduations… Des sphères qui pour elle sont des passages sine qua non pour tout débutant.
“Je dois dire aussi que je n’avais jamais pensé à faire de la photographie, mon métier, à l’époque. Je la voyais tout simplement comme une passion de jeunesse, une sorte de jeu. Tout ce qui m’intéressait c’était de m’amuser à prendre des photos et faire de nouvelles découvertes“, a-t-elle précisé.
C’est cette même passion qui a poussé Fabienne à fréquenter Haïti Reporter, en 2011, une école multimédias, où elle allait faire connaissance avec le photojournalisme et la photo-documentaire. Elle a suivi également un atelier de formations à la Fokal afin d’augmenter son champ de connaissances autour du domaine.
Et c’est de ce dernier que, de par la collaboration des participant-e-s et d’autres collaborateurs, le kolektif 2 Dimansyon (K2D) a pris naissance, et est depuis la seule Agence qui oeuvre dans le photojournalisme et la photo-vidéo documentaire en Haiti…
Mes travaux sont publiés dans AFP, Le Nouvelliste, Libération et d’autres médias.
Comme exploits, Fabienne compte sa participation dans des expositions photographiques et ses quelques projets collectifs avec le K2D. Et déjà elle annonce que son dernier projet en collectif en date va faire son entrée dans les prochains jours, c’est un livre qui traitera de la mémoire et la dictature en Haïti.
Sinon Fabienne continue à travailler en tant que Photographe événementiel pour des clients: soit des particuliers ou des O.N.G.
Fabienne dépeint le photojournalisme comme l’écriture du réel, de l’honneteté, la description des faits sans maquillage et sans partisanerie.
Pour faire des reportages photojournalistiques, elle précise qu’il est toujours mieux d’avoir le sujet comme base puis de préparer un synopsis pour mieux cerner ce qu’on a envie de faire et aussi de faire des repérages pour mieux canaliser le travail.
Néanmoins, il arrive des fois où on est confronté à un reportage sur le vif, admet Fabienne. À ce moment là, ce qu’il importe de faire c’est de trouver une manière de raconter une histoire à travers le reportage. Même si c’est seulement 3 photos, ces photos doivent témoigner le contexte du reportage…
Pour ce qui à trait à sa méthode de travail, Fabienne aime se sentir libre, et aussi sentir la présence du sujet à photographier. ( Si, je travaille avec une personne et elle ne souhaite pas que son visage soit dévoilé, je ferai en sorte de respecter son choix. D’ailleurs, je peux toujours travailler avec la personne mais je cherche une manière de présenter mon histoire tout en respectant l’identité du personnage ou d’un groupe de personnes. Et cet accord viendra dépendamment de la façon dont je mets le sujet en confiance.
Avant, ce n’étaient que des étrangers qui pratiquaient le photojournalisme en Haïti, mais quelques années de cela un groupe de photojournalistes ( K2D) se sont donnés pour mission de faire valoir le métier en Haïti et à l’étranger avec un regard haïtien. Bon nombre d’entre eux travaillent d’arrache-pied sur des projets à caractère social.
“Pour moi quand on a des gens qui s’intérressent à cette partie de la photographie en Haiti, c’est une force pour le pays et pour ce secteur”, ajoute-t-elle.
Elle a souligné que la majorité des gens qui évoluent dans ce millieu en Haïti le font surtout par amour et ils sont généralement indépendants. Alors que ce n’est pas facile de vivre sa passion dans un pays où on se sent pas en sécurité à tous les niveaux, surtout du point de vue financier.
En réponse aux personnes qui disent du photojournalisme un métier dangereux, Fabienne soutient que chaque métier à son niveau de risque, seulement il faut être bienveillant.
Pour terminer l’interview, Fabienne a ajouté qu’il n’est jamais facile de travailler dans des zones de conflit. Toutefois elle croit que tout photojournaliste peut y parvenir s’il arrive à avoir le contrôle du terrain et surtout s’il évite de faire des va-et-vient dans les deux camps.
Steven Aristil
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