L’association culturelle Sol Scène a organisé, le vendredi 29 janvier 2021, sa première rencontre de discussions baptisée Transdo 3. Ces discussions tournant autour de la création haïtiano-dominicaine ont lieu dans l’enceinte du Centre d’art sis au # 5, rue Roy, Port-au-Prince.
L’activité s’est déroulée en présence d’un public select composé essentiellement de jeunes artistes du théâtre, du cinéma et d’autres secteurs du spectacle. Ils étaient environ une vingtaine à répondre de leur présence.
”Espace Transdo” est le nom attribué à cette cellule de questionnement, de partage et de transmission autour de la question de la mémoire plurielle de l’île partagée entre Haïti et République Dominicaine.
Au cours de cette rencontre, le coordonnateur de projet Michaël Formilus a présenté les différentes réalisations de Sol Scène, dès sa fondation en 2015, jusqu’en 2020, notamment les représentations des spectacles et performances, organisation d’ateliers en Haïti et en Rép. Dominicaine, de résidences de recherches sur la frontière ou encore les deux premières étapes de Transdo qui ont abouti à un spectacle haïtiano-dominicain l’an dernier.
Pour sa part, le directeur artistique Daphné Menard a fait une brève présentation de ce projet en plusieurs étapes : des cellules de réflexions autour de la question frontalière, la création des binômes et résidences de création sur la frontière, laboratoire de création avec les artistes à Santo Dominiguo, retour en Haiti pour les restitutions. Collaborant avec le collectif Cadorigen, ces activités se dérouleront en même temps du côté dominicain.
Pierre Michel Jean, le photo journalistique travaillant sur le massacre de 1937, était l’un des intervenants. Il a exposé les obstacles qu’ il a rencontrés lors de ses premières expériences en rep. Dominicaine, ses différentes réalisations, son regard sur la question frontalière qui selon lui doit être explorée davantage. Il dénonce la nonchalance de l’élite intellectuelle pour qui l’irresponsabilité de l’État haïtien eu égard à la mémoire des victimes du massacre et des conditions de vies des compatriotes en République voisine.
La deuxième intervenante Kestia Vaïnadine Alphonse a avoué qu’elle éprouvait un sentiment de colère envers les dominicains, avant de les rencontrer et travailler avec eux. Elle en a profité pour parler des moments qu’elle a passés avec eux, au cours de leur collaboration sur le projet Transdo qui a complètement changé sa perception.
Invitant les artistes à cette aventure, elle a attiré l’attention de plus d’un en disant qu’elle n’est pas entrain de vendre une République dominicaine mythique, parfaite et sans danger mais qu’elle essaie d’expliquer des faits en faisant appel à nos sens, en demandant de briser les chaînes afin d’avancer vers un monde meilleur.
Le débat a suscité pas mal d’émotions. En effet, cette démarche tient compte de la nécessité qu’il y’a aujourd’hui de parler et de connaître l’histoire haïtiano-domicaine. Une histoire faite de beaucoup de déchirures, de méconnaissances, de mésinterprétations qui ont érigées des frontières invisibles entre les deux peuples.
De ce fait, il s’agit non seulement de promouvoir l’art comme moyen de construction et de dépassement, mais aussi comme élément important dans le cadre d’une médiation visant la résolution des conflits entre les deux pays pour répéter le directeur artistique Daphné Menard.
Il est à noter que les rencontres de réflexions avec les artistes se poursuivront dans les jours à venir.
Baby-Lovely Demeille
© Tous droits réservés – Groupe Média MAGHAITI 2021