Tentative d’insurrection ou pas ? Panique de l’autre côté du Potomac. Les réactions qui veulent faire croire que la démocratie à Washington est en danger fusent de tout part; mais omettant toutes de rappeler qu’en dépit de l’Insurrection Act, la Déclaration d’indépendance américaine reconnaît et justifie le droit du peuple d’abolir un gouvernement qu’il estime illégitime.
Voilà que le peuple, en tant que concept, n’a jamais été une entité homogène ou monolithique. Les militants de l’Antifa autant que les Proud Boys peuvent aisément s’en réclamer.
Ce qui revient à dire que les séditieux, quel que soit leur provenance et qui ont fait irruption dans l’enceinte du Capitole, reconnu pour être aussi le sanctuaire de la souveraineté populaire, se retrouveraient donc parfaitement dans leur droit de se soulever. En plus qu’il n’existe pas de règles morales édictées, sinon que des principes propres à la guerre irrégulière, pour mener une insurrection – expression qui, employée dans cette situation par les journalistes, se présente un peu exagérée (il faut le reconnaître aussi) à tenir compte de sa définition.
Est insurrectionnel tout soulèvement armé contre un pouvoir établi. Or Joe Biden jusqu’alors n’était pas investi de la puissance souveraine. Afin de rester dans le cadre théorique, mieux serait de parler d’une manifestation dégénérée – ce même quand le pouvoir politique va aussi au-delà de la personnalité du président. Dommage que les médias depuis quelques temps prennent leur parti et exagèrent dès qu’il s’agit de critiquer, et non d’analyser, les attitudes de Donald Trump.
Loin de toute attente, ces événements ne vont pas provoquer la mort politique de celui-ci. Bien au contraire, il en sortira renforcé. En bien ou en mal, pourvu qu’on continuera à discuter de lui. Hitler même après trois générations, remarque-t-on, a encore des adeptes. Que L’Histoire aime se remémorer de ces dirigeants jusqu’au-boutistes.
En d’autres mots, le Trumpisme, éclipsant de plus en plus le parti Républicain, vient de gagner en éclat. Tout comme c’est la première fois un président sortant offre un tel spectacle, c’est la première fois aussi un président élu, à une grande majorité que prétendent alors les résultats des élections, le subit. Biden sera à mal de garder sa légitimité. Cela va être un quadriennat agité en outre des grands défis et menaces à surmonter sur le plan international. Peut-être aussi qu’on aura à assister à l’émergence d’un tripartisme.
Mais d’une effervescence à l’autre, les États-Unis savent dégager cette grande capacité de panser leurs plaies et guérir leurs blessures les plus profondes. N’avait-on pas connu autant avec Watergate et la déchirure causée par la guerre du Vietnam? Sans vouloir oublier les assassinats de Lincoln, Garfield, McKinley et Kennedy, ce n’est pas encore le déclin d’un empire qui s’annonce, mais la division ainsi que la violence, caractérisant d’ailleurs toute société, qui s’affirment.
Ricardo Germain
Ricardo Germain, travaillant dans le domaine de la Coopération internationale, et faisant ses spécialisations en Études Stratégiques (Sécurité et Défense) et Gestion des Programmes Internationaux (Humanitaire et Développement), a donné plusieurs entrevues et rédigé plus d’une dizaine d’articles sur la politique en général.
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