Depuis l’enlèvement des 17 missionnaires nord-américains le 16 octobre dernier par le gang 400 Mawozo, les États-Unis ne cessent de préciser qu’ils ne négocient pas avec les terroristes et que les forces spéciales américaines feront le nécessaire pour libérer les otages sain et sauf. Cette semaine, le Conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Jake Sullivan a affirmé que toutes les options sont envisageables pour libérer les missionnaires, mais finalement, l’oncle SAM semble pencher pour la négociation indirecte, en forçant la Police Nationale d’Haïti à faire le sale boulot.
Selon plusieurs sources concordantes, la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a entamé les négociations avec le puissant gang de Croix-des-Bouquets, qui réclame 17 millions de dollars US pour les missionnaires, soit 1 million par tête. Le 28 octobre, les ravisseurs auraient donné des preuves à la cellule anti-kidnapping de la DCPJ, que les otages sont toujours en vie, selon une source policière citée par le quotidien Nouvelliste. Donc, les agents du FBI, ceux de l’Ambassade Américaine et les autres forces spéciales annoncés par la porte-parole de la maison blanche Jen Psaki, se cachent derrière la PNH pour négocier avec les terroristes.
Alors que toute la population haïtienne s’attendait à une opération musclée, bien préparée par la plus grande puissance mondiale pour éradiquer ce gang dans la commune de Croix-des-Bouquets, les États-Unis ont préféré enfoncer la Police Nationale d’Haïti dans le trou, une Police qui déjà fait face à plusieurs crises en interne. Appelons un chat, un chat : c’est une négociation directe avec les terroristes.
Il faut dire que les États-Unis ont grandement contribué au chaos actuel que connaît Haïti. Plus de 90 % des armes à feu qui sont entre les mains des bandits proviennent de chez eux. Nous connaissons tous les canaux de transport Maritimes, ces équipements sont cachés dans des véhicules, des sacs de riz, des drum de provisions alimentaires… Si nous autres haïtiens, nous sommes au courant de ces manœuvres, les autorités américaines sont forcément au courant aussi. Mais les trafiquants d’armes bénéficient d’une main levée du système.
Aujourd’hui, nous comprenons mieux les propos sanglants de l’envoyé spécial en Haïti Daniel Foote, qui a dénoncé l’ingérence des États-Unis dans la politique haïtienne. « L’arrogance qui nous fait croire que nous devrions désigner -encore – le vainqueur est impressionnante », écrivait M. Foot au secrétaire d’État Antony Blinken dans sa lettre de démission. « Une intervention politique internationale qui a systématiquement produit des résultats catastrophiques ». C’est la première fois qu’un officiel américain dit la vérité telle qu’elle.
Après tout, cette situation chaotique ne dérange nullement l’Oncle Sam du haut de son trône. C’est une façon de punir la Première République Noire au monde, toutes les grandes puissances, les pays dit “Amis d’Haïti”, assistent paisiblement à notre extension.
Plusieurs millions d’Haïtiens de la classe moyenne, des universitaires, des professionnels, nos belles jeunes filles, ont déserté Haïti durant ces deux (2) dernières années, pour aller vivre illégalement en République Dominicaine. Néanmoins, une grande partie des transferts d’argent se font vers la république voisine. Un phénomène qui affecte grandement notre économie. Le reste de la population qui n’a pas de moyens pour fuir, paie le prix fort de l’insécurité.
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