Port-au-Prince, le 28 avril 2025. Presque toutes les activités sont au point mort dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, ce qui affecte tout le reste du pays. Les gangs ont pris le contrôle de plus de 85% de la capitale, à l’exception de quelques poches de résistance comme les zones de Canapé-Vert et de Christ-Roi qui se font assiéger par les bandits au fil du temps. Aujourd’hui, les deux seules compagnies téléphoniques d’Haïti sont sous la menace des bandits armés, puisqu’elles sont situées à moins d’un kilomètre de Pacot, celui-ci pris d’assaut la semaine dernière. L’hôtel Marriot situé à Turgeau fermera provisoirement ses portes à partir du 30 avril 2025 en raison de l’insécurité.
L’État haïtien n’arrive toujours pas à reprendre la commune de Kenscoff, tombée sous l’emprise de la coalition « Viv Ansanm » depuis le 27 janvier dernier. Il s’agit d’un point stratégique, car elle partage ses frontières avec des zones de luxe telles que Pétion-Ville. Selon un rapport du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), cette attaque a fait 262 morts et 66 blessés. Parmi les victimes, 53% étaient des membres de la population civile et 47% des individus associés aux groupes criminels. Environ 200 habitations ont été détruites ou incendiées, et plus de 3 000 personnes ont été contraintes de fuir. Le dimanche 20 avril 2025, trois soldats des Forces armées d’Haïti ont été tués au combat à Kenscoff. Des habitations privées ainsi que des sites historiques ont également été incendiés ou vandalisés à ce jour.
Le 31 mars 2025, le groupe terroriste « Viv Ansanm » a lancé une attaque violente contre les communes de Mirebalais et de Saut-d’Eau, prenant le contrôle de la route nationale #3, qui relie le Grand Nord au reste du pays. Les assaillants ont incendié le commissariat local, puis ont attaqué la prison civile, libérant 533 détenus, dont plusieurs criminels notoires. Selon un rapport du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), 80 personnes ont été tuées lors de cette attaque, parmi lesquelles 19 civils, un policier, 60 bandits, ainsi que 3 disparus. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait état de 51 466 déplacés pour ces deux communes depuis l’attaque. Parmi eux, 24 % vivent actuellement dans des camps de réfugiés, tandis que 76 % se sont réfugiés chez des proches.
Les quatre premiers mois de 2025 ont été un véritable enfer pour le peuple haïtien. Le cas d’Haïti fait la une de tous les journaux internationaux chaque semaine. Les seuls principaux points positifs pour Haïti sont la performance sans précédent de Joe Dwèt File à l’échelle internationale, la victoire du patineur haïtien Gesny Pierre-Louis qui a remporté la première place du championnat national classificatoire de patinage au Chili, et enfin la participation de Cheffe Leen dans le marathon culinaire individuel Guinness World Records.
Il est crucial de noter que c’est grâce au coup de sifflet initial du Tiktokeur Oncle Kendji que ce mouvement a pris une ampleur nationale pour ensuite toucher le reste du monde. Les autres influenceurs ont emboîté le pas, trainant derrière eux personnages publics, musiciens, pasteurs, hougans, journalistes ainsi que des dizaines de milliers d’internautes dans le live de Cheffe Leen. Pendant 8 jours et 12 heures de cuisine non-stop, il était question d’embellir l’image d’Haïti sur les réseaux sociaux. C’était l’une des rares occasions de parler en bien de notre pays sans évoquer les exploits de nos ancêtres. Pendant cette période, nous avons prouvé pourquoi les héros de l’indépendance avaient choisi la devise « L’union fait la force ». Ensemble, nous avons passé des nuits blanches dans le live de Cheffe Leen à tapoter sans arrêt, nous avons aussi contribué à rassembler des dizaines de milliers de dollars pour les besoins du concours. Notre dévouement était juste un signe pour prouver aux autres nations que tout n’est pas perdu, et que nous pouvons toujours réaliser l’inimaginable si nous le voulons.
Mais, après la publication de la vidéo de remerciement de Cheffe Leen, tout est parti en fumée. Malgré une note de presse publiée auparavant, qui mentionnait le nom de l’influenceur Oncle Kendji, Cheffe Leen n’a pas pris le temps de le remercier dans sa vidéo de 13 minutes. Elle a plutôt tenté de laver l’honneur de son manager. Après cette grave erreur, les mêmes tiktokeurs qui avaient contribué à son succès ont lancé une campagne appelant les internautes à se désabonner et à signaler la page TikTok de la cuisinière, qui avait pourtant dépassé la barre des 800 000 abonnés. Finalement, la page a été supprimée et Cheffe Leen est désormais prise pour cible sur l’ensemble des réseaux sociaux.
Ne pas remercier celui qui l’a rendue célèbre a été une erreur monumentale. De notre côté, nous tenons le manager pour responsable de la dégradation de la situation. En tant que manager, vous devez savoir que nos compatriotes agissent très souvent sous le coup de l’émotion et n’hésitent pas à tout démolir en quelques secondes. Il était de votre devoir de préparer le discours et de mettre Cheffe Leen en avant, non pas votre ego.
Aujourd’hui, il est plus que nécessaire de laisser cheffe Leen continuer sa route, puisque son succès est le nôtre ainsi que son échec. Bien que la suppression de sa page soit un événement malheureux, nous devons lui donner une chance de se racheter pour tout nous expliquer. Elle est peut-être la victime de l’histoire et non le bourreau. La réconciliation est notre seule porte de sortie, la haine ne fait que nous renforcer dans le trou.
Si nous arrivons à trouver assez de force pour pardonner à cheffe Leen, peut-être en aurons-nous suffisamment pour pardonner aussi à ceux qui ont comploté pour assassiner Jean-Jacques Dessalines, ou encore à nos propres semblables qui ont rendu notre chère Haïti invivable actuellement.
Il est temps d’envoyer un signal positif au reste du monde et de restaurer la grandeur d’Haïti, ancienne perle des Antilles.
Pardon ! Union ! Reconstruction !
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