Port-au-Prince, le 6 septembre 2024. _ Selon le commissaire du gouvernement de la juridiction de Saint-Marc, Me Venson François, plus de 70 personnes ont été tuées par le gang « Gran Grif » dans la localité de Pont-Sondé dans le département de l’Artibonite (Haïti). Parmi ces victimes, les autorités ont recensé environ 10 femmes et 3 nourrissons. Au moins 16 personnes ont été grièvement blessées, dont 2 membres du gang touchés lors d’un échange de tirs avec les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Les assaillants auraient incendié au moins 45 maisons et 34 véhicules, forçant un certain nombre d’habitants à fuir.
C’est l’une des attaques les plus dévastatrices qu’a connu Haïti depuis les dix (10) dernières années, après le massacre de La Saline (centre-ville de Port-au-Prince) perpétré par les gangs proches du gouvernement de Jovenel Moïse, les 13 et 14 novembre 2018, qui a fait 71 morts au sein de la population.
Peu de temps après la tragédie du 3 octobre 2024, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a décidé de limoger le directeur départemental de la police de l’Artibonite Paul Ménard pour son incompétence, puisque les bandits de « Gran Grif » avaient clairement annoncé leur intention d’attaquer cette zone, à travers une note vocale qui faisait des vagues sur les réseaux sociaux. Il a été remplacé par le commissaire divisionnaire Calerbe Exantus. Mais en réalité, ce changement ne signifie rien pour la population qui pointe du doigt le Premier Ministre Garry Conille et le chef de la police Normil Rameau, qui n’avaient pas pris leur responsabilité face à cette menace imminente.
Le Président Jovenel Moïse a confié l’institution policière à Normil Rameau le 27 août 2019. Près de 3 mois après cette erreur fatale, le pays a connu l’une des attaques les plus sanglantes de son histoire. Nous parlons bien sûr du massacre de La Saline, planifié par des membres du gouvernement et exécuté par des bandits armés et des policiers en fonction. Normil Rameau a été remplacé par Léon Charles le 16 novembre 2020, soit 12 mois après le massacre. Alors que dans tout pays qui se respecte, le chef de police, le ministre de l’Intérieur et autres hauts gradés auraient perdu leurs postes dans l’immédiat à la suite de tels évènements.
Comme l’a si bien dit Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Fraîchement installé à la tête de l’État haïtien, le Premier ministre Garry Conille a nommé Normil Rameau comme directeur général de la Police Nationale d’Haïti le 19 juin 2024. Les mêmes causes produisent les mêmes effets… Trois mois après cette nouvelle nomination, le pays fait face à un autre massacre similaire à celui de La Saline, avec un bilan partiel de plus de 70 morts. Donc, logiquement, Normil Rameau est sans doute le dénominateur commun de ces deux évènements regrettables. Mais il conserve toujours son poste de directeur de Police. Nous vivons vraiment dans un pays de fou !
Le Premier ministre de facto Garry Conille a une grande part de responsabilité dans la dégradation de la situation sécuritaire du pays. En tant que chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), il dispose de tous les moyens pour contrecarrer les gangs armés qui serment le chaos en Haïti. Au lieu de passer à l’action, il préfère se concentrer sur les petites affaires non urgentes et submerger les réseaux sociaux de propagande.
Depuis son retour à la tête de la Primature le 12 juin 2024, la situation ne fait que s’aggraver malgré le support de la force multinationale et l’acquisition de multiples équipements militaires. Les gangs de Grand Ravine et de Village de Dieu contrôlent toujours l’entrée sud de la capitale, « 400 Mawozo » contrôle la commune de Croix-des-Bouquets, les chefs de gang Barbecue et Ti Kampès maitrisent le centre-ville et Bas Delmas, Vitel’homme contrôle Tabarre et d’autres communes comme Gressier et Léogane tombent les unes après les autres. Ce gouvernement de facto est tout simplement incompétent !
Pendant que le pays est en attente de changement et de solution, des politiciens qui font partie du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) sont dans le collimateur de la justice. Dans un rapport d’enquête rendu public, l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) recommande la mise en mouvement de l’action publique contre les conseillers-présidentiels, Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, pour abus de fonction, versement de pots-de-vin et corruption passive.
Selon l’ULCC, ces trois conseillers ont effectivement tenu une réunion dans une chambre d’hôtel à Pétion-Ville le 25 mai 2024, avec l’ancien Président du Conseil d’administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Raoul Pascal Pierre-Louis en présence de Lonick Léandre, un consul d’Haïti à Santiago de Los Caballeros (République Dominicaine). L’objectif de cette rencontre était de solliciter 100 millions de gourdes afin de reconduire le président sortant du Conseil d’administration de la BNC.
Malgré tout, les trois conseillers sont restés attachés au pouvoir comme l’abeille au miel. Personne n’a l’intention de démissionner malgré le fait que les partis politiques qu’ils représentent l’exigent. C’est le monde à l’envers, les politiciens haïtiens seront toujours les mêmes, avares, corrompus et sans respect pour leur personnalité.
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