Port-au-Prince, le 15 Août 2021._ Dans la matinée du 14 Août dernier, un important séisme de magnitude 7.2 a frappé le grand Sud d’Haïti, provoquant 1 297 morts, 5 700 blessés et 13 000 maisons détruites, selon un nouveau bilan provisoire de la Direction de la Protection Civile (DPC).
Des dizaines de vols humanitaires ont déjà atterri le sol de Dessalines, parmi eux, ceux de la Colombie, des États-Unis, des Bahamas, du Chili et de notre voisin le plus proche, la République Dominicaine. La République de Chine (Taiwan) a annoncé une aide humanitaire de $ 500 000 a Haïti, afin de relever les défis immédiats provoqués par ce séisme.
Cet événement malheureux nous rappelle l’étendue de notre vulnérabilité face aux mouvements de la nature. Plus de 11 ans après le séisme du 12 Janvier 2010 qui avait ravagé une bonne partie du Département de l’Ouest, près de 5 ans après le passage désastreux de l’ouragan Matthew dans le grand Sud du pays, une nouvelle catastrophe naturelle attire les projecteurs du reste du monde sur Haïti. Un pays pas comme les autres, que les médias internationaux prennent souvent le malin plaisir de qualifier de « pays le plus pauvre de l’Amérique ».
Certes, les autres nations ne sont pas à l’abri des catastrophes naturelles, en revanche, elles ont élaboré des plans d’urgence pour éviter le pire, et leurs gouvernements ont pris des mesures strictes au niveau des constructions afin de limiter les dégâts matériels. Nous autres haïtiens, quelle leçon avons-nous appris du tremblement de terre janvier 2010? Rien, absolument rien. Si un autre séisme de la même magnitude frappait a nouveau l’Ouest, il y aurait beaucoup plus de morts, car notre façon de construire a empiré. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Durant ces 11 dernières années, des dizaines de millions de dollars ont été versés aux deux régimes PHTK pour préparer les réponses aux catastrophes naturelles. Mais au final, aucun hôpital adapté et compétent n’a été construit dans les dix (10) départements du pays. Quelques mairies tant bien que mal ont essayé d’équiper leurs services d’incendie et de secours, comme les mairies de Port-au-Prince, de Delmas, de Pétion-Ville, de Carrefour, de Tabarre et des Gonaïves. Les autres municipalités ne font pas le poids sur la balance politique, leurs demandes sont ignorées par le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT).
Que dire de la Direction de la Protection Civile (DPC) et du Centre Ambulancier National (CAN)? Chaque année, des plans d’urgences et de réponses sont élaborés par ces professionnels pour être par la suite abandonnés dans les tiroirs des politiciens, tout simplement parce que ces documents ne laissent pas de marges de manœuvres aux raquetteurs.
Nous ne pouvons pas blâmer le régime en place dans cette catastrophe naturelle, mais nous ne pouvons pas non plus nous taire sur le degré de leur irresponsabilité dans l’affaiblissement des institutions du pays. Les mairies, les bureaux des CASEC et ASEC devraient logiquement être renforcés et bénéficiés d’une attention soutenue depuis les événements tragiques du 12 janvier 2010, car ils sont et resteront les entités les plus proches des communes et des sections communales.
De nouveau, le peuple haïtien fait face à son destin et il devra surveiller ses arrières, car l’aide humanitaire est toujours conditionnée. De nouveaux acteurs entreront en jeu, des fausses associations, des Organisations non-gouvernementales (ONG) et des raquetteurs vont vouloir s’enrichir dans le malheur de nos compatriotes. Le nouveau gouvernement de facto va aussi multiplier les shows médiatiques pour ne rien dire…et au final, les victimes ne pourront réellement compter que sur la diaspora haïtienne.
© Tous droits réservés – Groupe Média MAGHAITI 2021