Port-au-Prince, le 17 février 2025._ Eliana Thélémaque, c’est le nom de cette jeune fille de 28 ans qui a vécu le martyre dans la commune de Kenscoff prise d’assaut par les terroristes du regroupement “Viv Ansanm”. Tentant de fuir le chaos dans sa zone, Eliana a pris l’initiative de fuir avec son nouveau-né âgé seulement de trois (3) mois et a eu la malchance de tomber sur les assaillants cachés dans les bois. Alors qu’elle s’est catégoriquement opposée à l’ordre de déposer son enfant dans un foyer de feu, les bandits l’ont sauvagement attaquée avant d’exécuter leur projet macabre.
Impuissante, isolée et sans espoir, cette jeune mère a assisté à l’exécution de sa progéniture durant quelques minutes qui représentaient des années pour elle. « J’ai entendu les cris de douleur de mon fils ” avoue-t-elle aux responsables du commissariat de Pétion-Ville. Elle a été découverte dans les bois par les riverains qui l’ont conduite en lieu sûr, pour ensuite rendre l’âme dans la nuit du 14 février 2025. Personne ne pouvait survivre après ce drame sans pareil, même pas le plus courageux de nous.
Selon un membre de la famille, Eliana avait été déportée par les autorités dominicaines avec son bébé, et son père était décédé sept (7) jours avant ces événements. Les assaillants ont ensuite enlevé son unique enfant, qui représentait peut-être sa seule raison de vivre. Les malfrats ne l’ont pas épargné par pure générosité, ils voulaient qu’elle raconte son histoire pour répandre la terreur à Kenskoff afin de mater les tentatives de résistance, comme celle du Canapé Vert. C’est un jeu psychologique qui marche bien jusqu’à présent pour le camp ennemi.
Eliana Thémémaque n’est pas la seule victime de ce genre dans les attaques à Kenscoff depuis le début de l’année 2025. Le photojournaliste Ralph Teddy rapporte qu’une dame dénommée Anicia Anéus a huit (8) membres de sa famille portés disparus. Il s’agit de ses 7 enfants et de son mari. Nombreux foyers sont dans la même situation, mais gardent le secret afin d’éviter les représailles du groupe terroriste “Viv Ansanm”.
Depuis décembre 2024, la situation sécuritaire du département de l’Ouest s’est dégradée de manière exponentielle, avec le massacre de Cité Soleil où 207 personnes ont été tuées sous l’ordre du chef de gang Mikanò. Selon un rapport de l’ONU, le caïd a ordonné ce massacre à la suite du décès de son enfant et a pris pour cible les riverains de la zone qu’il accuse de sorcellerie. Cité Soleil représente la plus grande prison du monde avec plus de 500 000 détenus qui ne jouissent d’aucune forme de droits humains. Ils sont sous surveillance étroite des différents gangs qui partagent le contrôle de la commune.
Et pourtant, la force multinationale qui est en appui à la Police nationale d’Haïti (PNH) se renforce de jour en jour. Le 4 février dernier, 70 soldats salvadoriens ont officiellement rejoint l’opération, portant à 78 le nombre total d’officiers salvadoriens déployés. Le 6 février, 200 nouveaux policiers kényans ont rejoint du MMS, plus un lot de 3 hélicoptères pour faciliter leur déplacement. Des chars blindés, des armes et munitions… Et pourtant, les résultats se font toujours attendre. Aucune zone perdue n’a été récupérée par les autorités jusqu’à présent et pourtant les gangs progressent et convoitent de nouveaux territoires comme Kenscoff ou Cap-Haïtien.
En attendant, les habitants sont obligés de marcher côte à côte avec les démons puisqu’il n’existe aucun territoire sûr maintenant pour se cacher. Dans la plaine du cul-de-sac, la population sort par milliers dans les rues pour participer aux festivités carnavalesques des bandits. C’est la nouvelle réalité d’Haïti. Néanmoins, les gangs font la loi.
D’un autre côté, au lieu de concentrer les maigres ressources du pays dans la lutte contre le banditisme, le Conseil présidentiel a l’intention d’allouer plus de 500 millions de gourdes pour organiser un carnaval à Fort Liberté. Ce n’est pas étonnant puisque c’est une habitude dans la politique d’Haïti de détourner des fonds destinés au carnaval. Même la mairie de Port-au-Prince ayant à sa tête l’agent intérimaire Youri Chévry a manifesté son intention d’organiser quelque chose pour marquer la date, alors que 85% du territoire est sous le contrôle des gangs armés.
Pour l’instant, il n’existe aucun regroupement politique qui ait une feuille de route concrète pour nous sortir de cette impasse. Les militants politiques sont désintéressés puisque, par le passé, les internautes les accusaient de comploter contre l’ex-président Jovevenl Moise, ou de se mettre en travers de la soi-disant révolution de gangs sous le régime d’Ariel Henry. Aujourd’hui, une bonne partie de nos intellectuels se trouvent aux États-Unis grâce au programme humanitarian parole de Joe Biden et s’occupent de l’avenir de leur TPS. Haiti n’a plus de voix, le peuple n’a pas d’autre choix que de continuer à danser avec le diable !
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