Port-au-Prince, le 7 novembre 2024. _ Après quatre mois dans une course acharnée pour le poste suprême de président des États-Unis, le candidat du parti républicain Donald Trump a réussi sans grande surprise à vaincre la démocrate Kamala Harris, avec 295 votes du collège électoral contre 226, selon les résultats partiels publiés par l’agence The Associated Press (AP).
Toujours selon les résultats partiels, Kamala a obtenu 67 978 265 votes des votes, soit 47.5% et Donald Trump 72 656 408 votes, soit 50.9%. Le républicain a notamment remporté les États-clés de Pennsylvanie, de Géorgie, du Wisconsin, du Michigan qui avaient tous choisi Joe Biden en 2020, à l’exception de Caroline du Nord.
Selon un graphique des élections présidentielles dévoilé par le média américain BBC, 54% des femmes ont voté pour Kamala Harris et 44 % pour Donald Trump. Par ailleurs, le candidat républicain est arrivé en tête auprès des électeurs blancs avec 55 % des votes et Kamala en tête auprès des électeurs noirs avec 86 %. Trump a obtenu une augmentation significative du soutien des électeurs latinos masculins, soit 55 % de vote contre 44 % pour Kamala Harris.
Actuellement, tout est terminé, Trump ne peut désormais plus être rattrapé par la partie adverse. La vice-présidente a appelé le vainqueur pour le féliciter, ce qui représente un geste de fair-play dans la course électorale américaine. Selon un conseiller de Kamala, elle a évoqué avec le futur Président l’importance d’une passation pacifique du pouvoir.
Une course électorale agressive et sans limite
Durant quatre (4) mois, les deux candidats dans une bataille à couteaux tirés pour essayer d’impressionner les électeurs qui traversent une crise socio-économique assez bouleversante. Donald Trump ne s’est jamais senti gêné d’attaquer son adversaire avec des mots ou des comparaisons peu conventionnelles. « En moins de quatre ans, Kamala Harris a détruit nos frontières. Nous n’avons jamais eu une situation ainsi. Elle a détruit la classe moyenne, elle a fait bondir l’inflation, ce qui a contribué à des problèmes que nous n’aurions même pas imaginés », a-t-il déclaré.
Il a lancé des propos injurieux contre la communauté portoricaine lors de son meeting à New York. Il a comparé le Porto Rico à « une île poubelle ». Pendant environ un mois, le candidat républicain et son vice-président JD Vance ont mis en place une vaste campagne de haine contre les immigrants haïtiens qui vivent dans l’Ohio, plus précisément dans une petite ville nommée Springfield. Ils ont affirmé que les Haïtiens mangent les chiens et les chats des voisins ainsi que les oies sauvages dans les lacs locaux. Cette rumeur a été démentie par des médias comme CNN, BBC ou encore NBC News, ce qui n’était pas suffisant pour contrecarrer le message original alimenté par Fox News, un média pro-républicain.
Pour gagner la bataille de l’opinion publique, les Républicains ont choisi de rediriger leurs canots sur les migrants haïtiens et spanish, en mobilisant les couches racistes de la population et les anciennes familles colonialistes qui ne veulent pas cohabiter avec les immigrants.
Quelles sont les causes de l’échec de Kamala Harris dans cette élection ?
Kamala n’a jamais été la candidate idéale des Démocrates dans cette élection. Elle a été parachutée à cette position à un moment très critique quand le président Joe Biden a renoncé à la course électorale face à Donald Trump le 21 juillet 2024. Malgré son excellent parcours professionnel, et son poste de vice-président, elle n’a pas pu charmer les supporteurs démocrates et les couches minoritaires à cause des faiblesses de son administration. Elle avait pour mission d’incarner un renouveau tout en restant la vice-présidente de Joe Biden, qui a échoué d’après une grande partie de la population. En plus de son entrée de jeu tardive dans la course électorale, Joe Biden avait confié à Kamala la lourde charge de gérer le dossier de l’immigration, qui représente la plus grande faiblesse de cette administration après l’inflation.
Certaines franges de l’électorat traditionnellement démocrate, particulièrement les Arabo-musulmans, sont très remontés contre la politique pro-israélienne de l’administration Biden/Harris. Même les électeurs haïtiano-américains ont tourné le dos aux Démocrates à cause de l’indifférence de son administration face au chaos en Haïti et du non renouvellement du programme humanitaire Parole, qui met en mauvaise posture plus de 200 000 bénéficiaires haïtiens par rapport à la nouvelle équipe de Donald Trump.
Qu’est-ce que les Haïtiens peuvent espérer de la nouvelle administration de Trump ?
Concrètement, la nouvelle administration de Donald Trump va appliquer une politique migratoire assez ferme au dépend des Haïtiens illégaux. Une chose est certaine, elle ne pourra pas déporter plusieurs milliers d’Haïtiens d’un coup. Ce serait trop couteux pour son administration, en plus, il aura besoin de cette main d’œuvre pour relancer l’économie américaine. Comme il l’a annoncé lors de sa campagne, Trump pourrait ne plus renouveler le statut de protection TPS pour les Haïtiens, ce qui va mettre plus de 500 000 Haïtiens en situation irrégulière. Delà étant, il va sélectionner en premier ceux qui ont un passé criminel pour les expulser. Ensuite, il va se concentrer sur ceux qui ont traversé la frontière américano-mexicaine de façon illégale.
Pour les bénéficiaires du programme Parole de l’administration Biden, après deux ans, si une personne n’a toujours pas trouvé un moyen de régulariser sa situation, elle va recevoir une lettre de l’immigration lui demandant de laisser le pays, avant d’être ajoutée dans le programme de déportation. Ce sera un coup dur pour le Haïti, dont l’économie repose presque entièrement sur l’apport de la diaspora.
Concernant la situation chaotique en Haïti, ce sera le dernier souci de Donald Trump et de son vice-président JD Vance, tous deux des nationalistes endurcis. Ils vont se concentrer sur leur pays et appliquer leur slogan « Make America Great Again ».
À rappeler que durant le premier mandat de Donald Trump, Haïti était utilisée comme une sorte de marionnette politique qui avait pour mission de voter en faveur des positions de l’oncle Sam. L’administration de Trump supportait l’ex-président Jovenel Moïse et le régime PHTK dans ses dérives, et surtout, le pays recevait plusieurs dizaines de conteneurs d’armes à feu et de munitions pour alimenter les gangs.
Les USA ne devraient plus nous donner de leçon concernant le régime démocratique
Après ces élections, les États-Unis ne devraient plus sermonner aucun pays concernant la démocratie, puisqu’ici aux USA, c’est une véritable jungle politique où tous les coups bas sont permis. Donald Trump était inculpé depuis lundi 14 août 2023 dans quatre affaires pénales qui devraient normalement le disqualifier de ses élections. On lui reprochait pour ses tentatives présumées illicites d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020 dans l’État de Géorgie. Il a été inculpé pour « complot à l’encontre de l’État américain » en lien avec l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021.
Il avait 37 premiers chefs d’accusation retenus contre lui dans le cadre d’une autre enquête portant sur sa gestion négligente de documents confidentiels. Enfin, il a été inculpé par la justice de l’État de New York dans un dossier dans lequel il est accusé d’avoir « orchestré » des paiements en vue d’obtenir le silence de trois individus dont les révélations auraient pu lui être dommageables à l’approche de l’élection présidentielle de 2016.
Donc, n’importe quel individu normal allait être attrapé par la justice américaine et isolé dans un centre carcéral. Mais dans ce cas précis, il s’agit d’un milliardaire, un homme politique puissant qui connait toutes les faiblesses du système américain.
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