Avec ces douze nouvelles dramaturgies, ces écrivains et écrivaines tendent ici des arguments à ceux qui se prétendent au métier de mettre en scène, en ces premiers vingt ans du 21ème siècle. Du grain à moudre donc, à profusion, pour ceux qui se disent mettre en scène pour parler de nous, de nos drames en ce nouveau siècle déjà bellement entamé .
Il s’agit donc d’une parole hautement authentique, et d’aujourd’hui . Car aucun des dramaturges ici n’a encore deux fois vingt ans . Ce sont donc des jeunes gens pétris de la pâte du temps présent .
Ils/Elles ont voulu prendre un chemin qui somme toute semble paradoxal. Créer du texte théâtral pour le théâtre. Le nouveau théâtre semble fuir la dramaturgie. Le nouveau théâtre préfère tordre d’autres textes à l’usage de la scène. Comme si les mots des dramaturges n’avaient plus rien de théâtral. Ou peut-être dans le théâtre a-t-on toujours souhaité que la/le dramaturge soit mort/morte. Ou peut-être simplement que le/la dramaturge vivant/vivante gêne.
Nouvelles dramaturgies d’Haïti : Des écritures pour la scène
C’est d’ailleurs à se l’entendre dire, un métier qui sonne vieux, dramaturge. Au temps où on reprend l’habitude de tous se renommer, judicieusement au féminin, au masculin, ou en toute neutralité, ces écrivains et écrivaines veulent rajeunir ce métier d’écrire de facto pour la scène. Faisons de nous tous des dramaturges du lendemain, se disent-ils/elles.
C’est en effet, ce que clament ces différents et différentes jeunes écrivains/ écrivaines haïtiens/haïtiennes pour la scène, et plein d’autres absents/absentes ici, que nous n’avons pas pu rentrer dans la liste, qui ne ratent jamais aucun prix international francophone d’écriture théâtrale pour confronter leurs talents. D’aucuns et d’aucunes trempent dans la poésie, d’autres s’attachent à énoncer la réalité, crient leur vécu, certains et certaines tracent leurs sillons dans l’absurde, la dérision, la cruauté…
Mais jamais aucun de ces textes n’est dans l’indolence. Ni non plus dans la mollesse du visible et du dit. Si les encres sont neuves, les mots verts de fraîcheur, ne vous y trompez pas, les esprits sont coriaces qui les ont conçus. Toutes ces entreprises sont nées d’une grande nécessité de dire. Mais sans la complaisance de s’entendre dire.
Voilà données à vos yeux, vos oreilles, votre entendement, les douze bonnes nouvelles pour la scène. Voilà de bonnes nouvelles pour le public. Car après tout, il ne s’agit que de cela. Il ne s’agit que d’une invitation au public, à la cité. Qu’à nos scènes la cité soit conviée !
Guy Régis Jr.
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