L’ancien Premier ministre haïtien sous la présidence du feu président Jovenel Moïse, Claude Joseph, s’est à nouveau présenté ce mercredi 25 juin 2025 devant la cour d’appel de Port-au-Prince, pour être entendu par les juges. Cette nième comparution de Joseph s’inscrit dans le cadre de l’enquête en cours visant à élucider l’assassinat du 58ᵉ président du pays, survenu le 7 juillet 2021.
La comparution de l’ex-Premier ministre aujourd’hui fait suite à l’invitation du juge Emmanuel Lacroix, président de la commission d’enquête sur l’assassinat de l’ancien chef de l’État. Présent à la cour, le membre influent du parti politique EDE s’est défendu devant les juges lors de l’audience. Il a rejeté d’un revers de main l’ordonnance du juge d’instruction Walther Wesser Voltaire, rendue le 25 janvier 2024, l’inculpant dans l’assassinat du président.
Document à la main, l’ex-ministre des Affaires étrangères, a remis en question son inculpation durant sa prise de parole devant la cour. En effet, il a énuméré cinq motifs non tenable de cet ordonnance qu’il a qualifiée d’« ordonnance politique de la honte ».
« Je viens vous dire que les cinq raisons pour lesquelles ils m’ont inculpé dans cette ordonnance de la honte sont des raisons bancales », a-t-il déclaré, en défendant notamment le fait que le juge lui reproche de ne pas s’être fait accompagner par la Police nationale pour se rendre sur les lieux du crime. Il a poursuivi en soulignant que le juge avait pris parti, estimant qu’il lui reprochait d’avoir rapidement pris la tête du gouvernement et organisé un conseil des ministres.
Enfin, il a évoqué le secrétaire général de la Primature de l’époque, Valbrun, qui avait reçu un appel de Martine Moïse l’autorisant à utiliser le bureau de l’ancien chef de l’État, et a rapporté les déclarations de Félix Badio, selon lesquelles celui-ci était au courant du complot visant à assassiner le président. Toutefois, il a précisé qu’il ne connaissait pas personnellement Badio.
De même, sur son compte X, l’ancien Premier ministre a déclaré qu’il s’était présenté à la cour pour répondre aux questions de la justice haïtienne dans le cadre du dossier de l’ancien président Jovenel Moïse. « Depuis le début de cette procédure, je n’ai jamais manqué une seule occasion de coopérer pleinement avec la justice », a-t-il affirmé.
Quatre ans après l’assassinat du président, le dossier reste dans l’attente d’un éclaircissement, coincé dans les mailles d’une justice que d’aucuns disent atrophiée. Le fil d’attente est long. L’inquiétante question demeure : la justice haïtienne parviendra-t-elle à rendre justice au président assassiné en fonction ?
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