Née à Plaisance du Nord, Cassandrine Destima épate la galerie en devenant la vice-présidente de la première association de femmes photographes en Haïti (AFPHA). Multitâche, fougueuse et créatrice hors-pair, elle a créé «Lizay Lasante» et collabore avec les ateliers Encriture tout en photographiant les temps forts de l’émission «Playlist» sur la Radio Télévision Caraïbes. Etudiante en médecine et photographe de formation, elle arrive d’emblée à concilier ces deux domaines malgré tout.
«Cela fait un an et quelques mois que je travaille en tant que photographe et responsable visuel sur le spectacle de théâtre : Corps entre violence et quête de Justice, pour les ateliers Encriture. J’ai photographié plusieurs événements majeurs en Haïti comme le PapJazz et j’ai eu l’opportunité de participer dans une exposition en tant qu’artiste», languit-elle.
Découverte de la photographie
Installée à cinq ans dans la ville de Port-au-Prince, elle a grandi à Cité Soleil. Elle a fait une partie de ses études secondaires au Lycée Jean Marie Vincent de Caradeux et l’autre partie à l’Institution Mixte Shékinah de Clercine. Puis ses études universitaires à l’Université Mont Everest d’Haïti, elle a commencé à faire du bénévolat dans plusieurs organisations à but non lucratif à l’instar de KATIZANA. À présent, elle est en dernière année de médecine et elle attend tout simplement son internat, mais elle rassure qu’elle trouve du temps pour les deux métiers qu’elle enchérisse tant.
Cassandrine ne voulait pas se limiter aux sciences médicales, elle désirait vivre une autre aventure intellectuelle et technique. En effet, c’est après sa rencontre avec Glaude Evens, à l’époque, professeur dans le programme «Kamera m chanje vi m», qu’elle s’est intéressée à cette forme d’art. Il faut noter que ce programme était un cours de photographie mis en place par VIREHA, une organisation socioculturelle, politique et laïque fondée en juillet 2014 à Pétion-Ville. Après cette formation, elle a commencé à développer une passion singulière pour ce métier et depuis elle s’y raccroche.
La photographe et ses réalisations
En tant que photographe professionnelle, elle priorise la créativité, l’originalité et le souci du détail afin de faire paraître les émotions. Elle affirme dur comme fer qu’elle préfère le portrait des autres valeurs de plans, c’est pourquoi, elle a basé ses deux derniers projets sur cette manière de prise de vue. Pour elle, La combinaison d’une image, d’un regard et du style peut susciter des picotements chez la personne qui découvre pour la première fois le cliché. «J’aime créer cette magie dans mes clichés. J’adore également couvrir les événements dans le but de capturer les moments forts et aussi d’être plus créative», s’exclame-t-elle.
Le mois de novembre dernier, Cassandrine a réalisé un projet «Retro» que les utilisateurs des réseaux sociaux ainsi que les amoureux d’art visuel ont beaucoup apprécié. En ce moment, elle travaille sur un autre projet : Les jeux de la dame. Sur ce, elle précise : «C’est un projet qui met en valeur les atouts séductrices des femmes, et aussi les pousser à assumer leurs corps telles qu’ils sont en ignorant les principes préétablis par les sociétés patriarcales qui leurs imposent comment disposer de leurs corps.»
Malgré l’accueil chaleureux des internautes concernant ses projets et la manière dont elle appréhende la médecine et la photographie, Cassandrine ne clame jamais qu’elle a encore atteint le sommet, elle estime qu’elle n’est même pas à la moitié de ses futures réalisations. Selon ses dires, il lui reste du parcours à faire car elle espère maîtriser l’art de la photographie et en apprendre davantage.
Conseil et suggestion de l’artiste
Face à la montée des gangs armés dans le pays, elle pense que les photographes, par manque d’encadrement et d’encouragement, n’arrivent plus à créer et à proposer des travaux originaux. C’est en ce sens qu’elle leur demande de travailler encore plus pour qu’ils deviennent meilleurs qu’avant.
«À cause de l’insécurité, nous sommes incapables de nous rendre dans différents endroits du pays pour effectuer nos travaux photographiques. Dans ce chaos, planifier nous est devenu presque difficile. Femme ou homme, tous les professionnels dans ce métier font face à ce genre de situation en ce moment», continue-t-elle.
Très influente sur les réseaux sociaux en l’occurrence Facebook, Cassandrine Destima qu’on appelle souvent «Docphotographe» laisse un message important aux jeunes d’Haïti et en dehors du pays, elle suggère : «Cherchez à connaître vos passions, utilisez-les pour faire d’eux un ou plusieurs métiers et surtout chérissez-les. Travaillez davantage et faites ce que vous aimez, soignez-les, n’oubliez pas de faire des recherches pour devenir encore meilleur. Apprenez de vos expériences qu’elles soient bonnes ou mauvaises, vulgarisez-les, vendez-les et vous serez sur le chemin du succès.»
Romy Jean François
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