Port-au-Prince, le 1er février 2021._ Pour un 2e lundi consécutif, le Président de la République, Jovenel Moïse vient de s’entretenir avec la population sur sa page Facebook et sur plusieurs autres médias proches de l’Exécutif. Dans son allocution, il accuse sans détour ses opposants d’être responsable du phénomène de kidnapping, afin de déstabiliser le pays et de boycotter les prochaines élections annoncées par son Conseil Electoral Provisoire.
Alors que ce lundi, le pays connaît une grève réussie, lancée par pa le Collectif des syndicats haïtiens pour le respect de la constitution haïtienne, le Président pointe du doigt l’opposition politique qu’il accuse sans preuves d’être les auteurs du kidnapping, de protéger le statu quo en planifiant la résistance face aux changements de système. Il avance que cette résistance se traduit sur plusieurs formes, soit par le “pays-lock”, par la violence verbale ou physique et enfin par le kidnapping.
Jovenel Moïse rappelle que le phénomène de kidnapping a débuté timidement en décembre 2019 et a connu une pause durant la pandemie du coronavirus, pour ensuite continuer sa route en toute impunité. Il s’est montré plus que menaçant envers ses opposants politiques qu’ils traitent de loup-garou, et les accusent d’être les “marraines et les parrains” du kidnapping.
Le chef de l’Etat en a profité pour rappeler que son Agence Nationale d’Intelligence (ANI), qui est illégale, est en fonction et qu’il va doter ce corps paramilitaire d’équipements de pointe pour traquer les kidnappeurs. Les multiples menaces et intimidations prononcées par le Président Moïse sont dignes d’un dictateur et annoncent déjà les couleurs dans le combat pour le respect de la date de la fin de mandat du président, le 7 février 2021.
D’ailleurs, la Fédération des Barreaux Haïtiens comme beaucoup de secteurs de la vie sociale, se sont prononcé sur le sujet le 30 janvier dernier et confirment que Mr. Moïse doit partir le 7 février 2021, conformément aux dispositions de l’article 134-1 et 134-2 de la Constitution haïtienne de 1987.
Dans son discours, le président a aussi continué ses promesses électorales et a saisi l’occasion pour charmer la diaspora haïtienne, par son initiative de modification de la constitution haïtienne, à travers un référendum qui est interdit par la loi mère.
Encore une fois, le Président Jovenel Moïse n’a pas pu s’élever au-dessus de la mêlée pour essayer d’éviter le chaos. Au contraire, il vient d’alimenter la tension en mettant ouvertement l’opposition en défi.
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