La célébration des Guédés ou le jour des morts, qui se déroule les 1er et 2 novembre, est profondément affectée par la recrudescence de l’insécurité en Haïti. Cette année, le tableau est plus sombre qu’avant avec la présence des gangs et le peu de pèlerins au grand cimetière de Port-au-Prince, au cimetière de Drouillard et même à Delmas 34.
Si autrefois, cette période était marquée par des rituels vibrants et une ambiance de commémoration sereine où les familles et les adeptes du vodou affluaient vers les cimetières, apportant leurs offrandes pour honorer leurs défunts, maintenant ce n’est presque plus le cas. Au cimetière de Port-au-Prince, il n’y avait pas de grand rassemblement. Selon le constat d’un journaliste de Mag Haïti, les pèlerins qui faisaient ces rituels étaient suivis de près par des membres de gangs. Ces derniers, étaient placés à l’entrée du lieu, d’autres patrouillaient de temps à autre, l’intérieur du demeure des morts.
Pour ce qui est du cimetière de Drouillard, la situation est presque la même. Les routes menant à ce lieu de repos sont peu fréquentées, un climat de peur et d’incertitude s’est installé. À Delmas 34, même si c’est un lieu plus ou moins éloigné de la menace des gangs les vodouisants n’ont pas pour autant manifesté en grand nombre leurs présences.
Toutefois, rien n’a changé avec les rituels. Bougies allumées, prière sous les tombes, chansons spéciales, offrandes devant des esprits comme Baron Samedi et Grann Brigitte, respectivement dieu et déesse de la mort dans la mythologie du vodou haïtien.
La fête des Guédés, qui était auparavant un moment de rassemblement et de communion, se transforme aujourd’hui en une période de réflexion sur les défis que les Haïtiens doivent affronter quotidiennement. Cette réalité dans les cimetières nous rappelle que, même au milieu de la douleur et de l’incertitude, cette fête reste profondément enracinée dans la culture haïtienne. Cependant, cette situation est plus qu’alarmante, car elle représente un danger pour la tradition haïtienne et aussi pour le lien spirituel qui unit les vivants à leurs ancêtres.
«Une chose est certaine si cette situation demeure, la fête des Guédés risque de disparaitre totalement dans les cimetières en Haïti», conclut notre journaliste.
Achille Marie Mika & Judson François
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