Ancien élève du Collège Alcibiade Pomeyrac et du Collège Saint-Louis de Jacmel, Alfred Alkens, connu sous le nom de scène A. Gates, continue d’épater son public par sa prolixité et ses titres musicaux atypiques. Originaire du Sud-Est, Alfred, surnommé Flaco par ses amis, vient de sortir deux nouveaux morceaux. En tant que musicien et chanteur, il se distingue par son charisme, son empathie et sa prise de risques constante.
«Mes deux derniers titres, JHON WICK et DISTANS, explorent des univers différents. Je voulais mettre en avant ma versatilité et ma créativité. Je suis en quête constante de moi-même, et cette aventure m’a également conduit à l’écriture», déclare-t-il.
Passionné par l’écriture littéraire, il a déjà rédigé son premier recueil de textes intitulé Souf nèg, un recueil de poésie mêlant émotions fortes et réflexions sur l’existence. Il espère que ses futurs lecteurs parviendront à saisir son ressenti sur la vie et la société à travers les mots soigneusement posés sur les pages de son livre.
Membre influent du groupe Hotmen, Alfred Alkens évoque une relation avec ce groupe qui va bien au-delà d’une simple idylle musicale. Sa rencontre avec le groupe a commencé en 2018, à la suite d’une collaboration officielle. Hotmen est l’un des groupes les plus en vogue dans le département du Sud-Est. A. Gates précise qu’il collaborait déjà de manière informelle avec les membres avant ses débuts officiels, car ils ont suivi son parcours depuis ses débuts.
Il a rejoint Hotmen après la sortie de Pataje, réalisée par Schneider Jean Baptiste. Peu de temps après, il a sorti plusieurs morceaux en solo, notamment Gwo kè (2021), Gwo zo (2021), Konfyans 2022), 100000 a lè (2023), God Mode (2024) et Flaco Part.2 (2024). Cette année, il a encore marqué les esprits en publiant sur les réseaux sociaux Sekrè, le 15 juin 2024, une collaboration avec T.F et Tony Anbakè.
Jacmel, ville chargée d’histoire, est le bastion culturel d’Haïti depuis sa fondation le 27 juillet 1698. Toutefois, l’insécurité persistante a progressivement terni son image et a conduit à une perte des valeurs locales, impactant durement les productions artistiques. Selon Alkens, le principal obstacle pour les Jacmeliens est leur difficulté à accepter la réussite des artistes locaux qui ne sont pas reconnus à Port-au-Prince.
«La majorité des Jacmeliens n’acceptent pas l’idée du renouveau. Le Sud-Est regorge d’artistes originaux et uniques capables de marquer l’histoire de la musique haïtienne, mais faute de reconnaissance, nous restons dans l’ombre, en attendant notre heure de gloire…» déplore-t-il.
Pour Alfred, Jacmel est plus qu’une ville, c’est sa maison. Elle l’a vu grandir et a accueilli ses débuts dans la musique et l’écriture. Ses premières relations, ses risques et ses plus beaux souvenirs sont ancrés dans cette région ensoleillée, bordée de cocotiers et de plages magnifiques.
«Même si mes souvenirs de Jacmel sont nombreux et précieux, l’autre moitié de moi est profondément haïtienne. Ma patrie me touche au cœur, et je pleure pour sa paix. Nous prions chaque jour pour le changement. Nous souffrons tous, et cela dure trop longtemps…» confie-t-il.
Il est également important de souligner que Flaco, avec un cœur plein de compassion, a coaché de nombreux jeunes lors de concours de musique régionaux. C’est un artiste au grand cœur qui expose son talent, bien que les jeunes de Jacmel ne le perçoivent pas toujours de la même manière que les artistes de Port-au-Prince ou d’ailleurs.
«N’arrêtez jamais de vous mettre au défi, n’arrêtez jamais de vous chercher. Prenez des risques, faites des erreurs et, un jour, votre histoire inspirera d’autres…» Voilà son message pour les jeunes qui envisagent d’abandonner.
Son combat pour la reconnaissance de son art et son invitation à découvrir son univers constituent une démarche louable pour faire renaître Jacmel de ses cendres, comme un phénix. Pour cela, la ville doit valoriser ses talents, et la musique d’Alfred Alkens en fait résolument partie.
Romy Jean François
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