Le mardi 18 juin 2024, s’est tenue la cérémonie de remise de parchemins aux 455 policiers à l’École nationale de Police, sur la route de Frères, à Pétion-Ville. Un moment crucial pour ces agents de la paix, puisqu’ils vont intégrer des unités spécialisées de la PNH. Bien que cet événement représente une étape cruciale pour ces policiers, des inquiétudes profondes subsistent quant à leur avenir et à l’efficacité de la PNH dans la lutte contre la criminalité.
Lors de son discours, le Premier ministre Garry Conille a assuré que les nouveaux policiers seraient accompagnés dans toutes leurs opérations. Une promesse qui, bien que rassurante en apparence, rappelle tristement les engagements non tenus de ses prédécesseurs. En réalité, les policiers haïtiens sont souvent livrés à eux-mêmes sur le terrain, sans renforts adéquats lorsque la situation devient critique.
Le drame de Village de Dieu en est un exemple frappant. Lors d’une opération visant à déloger le chef de gang Izo, le vendredi 12 mars 2021, cinq policiers ont été tués et un autre porté disparu. Les gangs ont non seulement pris le contrôle de deux véhicules blindés, dont l’un a été incendié, mais ont également emporté des armes automatiques de gros calibre et des gilets pare-balles. Malgré la gravité de la situation, aucun renfort n’est venu secourir les policiers en détresse.
Plus récemment, le 9 juin 2024, trois membres de la police anti-gang ont été tués dans une embuscade à Sans-Fil, Delmas 18, fief du redoutable chef de gang Jimmy Chérizier, alias Barbecue. Là encore, les renforts se sont fait attendre, laissant les policiers à la merci des criminels.
Le conseiller présidentiel Edgard Leblanc a affirmé que le Conseil présidentiel de transition (CTP), en partenariat avec le gouvernement, mettra tout en œuvre pour fournir aux unités spécialisées de la PNH les conditions matérielles et psychologiques nécessaires pour combattre les gangs et assurer la libre circulation des citoyens à travers le pays. Toutefois, la population, exaspérée par les belles paroles non suivies d’actes concrets, reste sceptique.
Si certains espèrent que ces nouveaux policiers pourront effectivement endiguer la violence des gangs, d’autres restent pessimistes. L’institution policière haïtienne est gangrenée par la corruption et la politisation. De nombreux policiers et membres du haut commandement de la PNH sont accusés de connivence avec des chefs de gang, ce qui entrave leur capacité à remplir leur mission de protection des citoyens.
Il est évident que sans une réforme profonde et une volonté politique réelle de déraciner la corruption, la PNH ne pourra pas accomplir sa mission de protection et de service public. Les policiers, malgré leur courage et leur dévouement, se retrouvent pris en otage par un système défaillant et corrompu.
Miché de Payen
Tous droits réservés – Groupe Média MAGHAITI 2024