L’artiste Roosevelt Saillant, connu sous le nom de scène BIC, a publié le 6 janvier 2025, un nouveau son intitulé «2,3 MO». Ce morceau qui annonce l’arrivée de son dixième album, est aussi une œuvre d’art qui réaffirme le titre de parolier dont il est depuis toujours. Ainsi, lors d’une entrevue accordée à Mag Haïti, il s’est confié au magazine à cœur ouvert autour de ce dernier projet et sur le message fort qu’il souhaite transmettre.
Dans un premier temps, BIC souligne qu’il ne se voit en compétition avec personne sinon avec l’artiste qu’il est. C’est pourquoi dit-il, depuis 25 ans, BIC n’a jamais utilisé la polémique pour exister mais a fait de la poésie et la musique, les principaux piliers de son évolution. «Une fois pour toute, je veux faire comprendre à tout le monde que je suis un parolier, au-delà du rappeur et du slameur que je suis. En 2025, je veux vous dire que je viens vous vendre ma plume et ma poésie non une voix», revendique-t-il avec insistance tout en invoquant sa versatilité à jongler entre divers rythmes musicaux.
Plus loin, il affirme que 2,3 MO c’est une façon à lui de montrer au grand public qu’il n’a pas perdu sa plume et qu’il ne se contente pas seulement de dire qu’il est parolier. Mais, il déclare : «Je vis à travers les mots, j’en fais ce que je veux d’eux. Jodi a m bay mo defi pale si m pa ba l lapawòl.»
Dans un second temps, dans «2,3 MO», BIC évoque la dualité de son parcours : «J’ai mes pieds dans deux générations”, déclare-t-il avec un regard nostalgique sur ses débuts d’un côté, et de l’autre, à une volonté d’interpeller la jeunesse d’aujourd’hui. En se posant en porte-parole des silences souvent ignorés de la société haïtienne, il dénonce notamment les violences faites aux jeunes femmes. Dans d’autres musiques, le mauvais traitement que subit la jeunesse et met surtout en avant la beauté et la force des femmes de son pays.
Un artiste engagé et prévoyant
De même qu’en 2005, et en 2019 avec la sortie de «Pòtoprens», «Kokorat» et «Pote kòd» BIC estime avoir mis en garde le pays. En 2025, «2,3 MO» sonne encore plus fort et est bien plus qu’un simple vidéoclip. Ce morceau, c’est une invitation à réfléchir sur notre identité, à porter haut la voix haïtienne là où elle mérite d’être entendue et est une célébration de la richesse de la culture haïtienne. En plus, des titres comme «M ap rape yo», «Yon ti kalkil» qui témoignent de son rôle de lanceur d’alerte face à la mauvaise gouvernance et la dépravation des valeurs en Haïti.
«Si jamais il y avait des dirigeants soucieux qui mettaient en valeur ce que je disais pour faire l’éducation de ce peuple, ça aurait été mieux. Même si cela à lui seul ne peut changer tout un pays, mais j’ai quand même contribué», défend-t-il, tout en expliquant dans quelle mesure ses textes protègent le pays, comme il le dit si bien dans son dernier clip.
Un héritage pour la littérature
Mis à part son talent, sa prévoyance et son engagement envers son pays, BIC est fier de son héritage. En effet, depuis des années BIC a vu certains de ses textes intégrés les examens officiels pour la 9e année fondamentale, et certains cursus universitaires nationaux en affirmant ainsi sa place au sein de la littérature haïtienne. À l’heure où il se prépare à dévoiler son dixième album, il demeure un fervent défenseur de l’expression artistique comme vecteur de changement. Non seulement un artiste, mais aussi un lanceur d’alerte, BIC ne cesse d’illuminer la scène musicale par son engagement et sa voix.
Avec «2,3 MO», l’artiste ouvre un nouveau chapitre de sa carrière, prêt à captiver une fois de plus son public en abordant des thèmes universels de manière inédite. La musique, pour lui, est un langage à part entière, capable de transcender les frontières et d’unir les générations.
Depuis ses débuts en 2000 avec le groupe Flex, BIC a su s’imposer comme un parolier d’exception, jonglant habilement entre poésie et critique sociale. Chaque deux ans, il nous offre des créations réfléchies et profondes, faisant écho à la réalité haïtienne. Son dernier album, «Été en Hiver», sorti le 21 juin 2023, témoigne de sa capacité à aborder des thèmes contemporains tout en restant fidèle à ses racines artistiques.
Toutefois, en dépit de ses 25 ans de carrière, BIC se donne pour devoir de se renouveler, car les défis sont énormes. L’un d’entre eux est le fait qu’il lui arrive parfois de ressentir qu’il a déjà «écrit et traité certains textes». Cette introspection artistique témoigne de sa quête perpétuelle de sens. Influencé par des légendes telles que Manno Charlemagne et Eddy François, il continue d’écouter et de s’enrichir des sons contemporains des artistes comme Jean Jean Roosevelt et Belo, étoffant ainsi son répertoire unique.
Son dixième album s’annonce prometteur et attend avec impatience de toucher le cœur des mélomanes du monde entier. BIC continue de s’imposer comme un phare dans la musique haïtienne, et nous avons hâte de découvrir tout ce qu’il nous réserve.
Voici la liste complète des opus publiés par l’artiste depuis la fondation de BIC avec John Mogène, auparavant Brain-Intelligence-Creativity, nom qu’il garde encore comme chanteur solo.
Wow (2005)
Plus loin (2008)
Kreyòl chante kreyòl konprann Vol 1 (2010)
Kreyòl chante kreyòl konprann Vol 2, sous-titré Nou Byen Mal (2012)
Recto-Vèso (2014)
VOKABI-LARI (2016)
BICsyonè ( 2019)
Été en Hiver (2023)
Judson François et Achille Marie Mika
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